• Chère Bérénice, encore merci pour tes illustrations, comme tu vois, on les utilise toujours. J'ai perdu ton numéro et réalise tout juste que je ne connais pas ton nom de famille. Si tu tombes là-dessus, j'espère que tu ne m'en voudras pas d'illustrer encore nos textes par tes dessins, et que tu me contacteras au plus vite. J'espère que tout va bien pour toi et que l'on se recroisera bientôt.

    Bises,

    Evan

    (evanmirzayantz@hotmail.com)

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  • Nuit des reflets, nuit des éclairs

    La salle des tortures

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    Ce visage bouche ouverte, surpris

    Brillance au seuil du regard

    Balai incessant des voitures

    Arrêt sur image

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    Néon cryptique, bleu propane, analgésique

    Armoires de taule blanche en vrac

    Rêve relégué au premier étage

    D'une médecine sans icône

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    Sébastien CLAUDE

    11/2004


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  • "Je marcherai habillé d'ombres et de vents comme avant, couvert des teintes de vieux murs à celles de souvenirs. Je marcherai seul sur le chemin tordu ou couvert d'herbes sèches. Je reverrai la mer et nous irons vers nulle part comme j'en connais les raccourcis. Nous dormirons sous l'ombrage d'anciens lauriers, boirons la rosée des prairies; nous longerons à nouveau la côte, sous l'envol de goélands. Je marcherai vers la Pointe des Poulains, reviendrai avec mon père préparer les cannes et nous irons nous baigner et crier à nouveau que l'eau est froide. Je marcherai vers hier, "regardez ! Lisez dans mes yeux, ils vont vous conter".

    (Bruno Mirzayantz, le 24. 03. 03)

    (Photo : "Belle-ile Les Poulains un jour de tempete 2" par Rémi Jouan, source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Belle-ile_Les_Poulains_un_jour_de_tempete_2.jpg)

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  • "Je vois m'échapper, l'eau coulant de la source, entre mes doigts inutiles, des gens pressés, agiles, que mes pas ne peuvent rejoindre. Je vois descendre les tissus arrachés de couleur d'un jour qui vient mourir sur les arbres, puis embrassent quelques vieux murs. Je vois autour des chemins de sable des enfants jouer et courir et crier à nouveau. Je vois mourir mes pas quand mes jambes ont des crampes, m'arrêter et regarder les toîts. Je vois des trottoirs se vider et des véhicules hanter avec de grands fracas les artères de la ville. Je vois rider mes croyances cupides, mes bonnes leçons, mes lettres inutiles. Je vois et mange le spectacle de quelques oiseaux chantant des mélodies où l'oubli vous emprisonne. Je ne m'interroge plus de ces douleurs qui m'envahissent, me traversant parfois de leurs glaives translucides. Je vois mes jours passer comme on voit les montagnes aux approches de la nuit....."

    (Bruno Mirzayantz, 17. 09. 03)

    (Photo : E. M. 08.07.07, passants au couché, vers Notre Dame)

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  •  

    Muche prim' savait qu'elle était le reflet de Muche. Aujourd'hui, elle avait vu un coucher de cœur façon coquelicot expirant, écrivait – elle sur son carnet pour faire poétique genre surréaliste. Mais se cachant derrière ce cool style , les pétales innocents d'une rose n'en finissaient pas de se faner, sentait –elle. Ce soir, elle avait discuté avec un chien qui portait avec orgueilleux et ridicule amour propre des ongles de pieds trop longs. Il lui avait aussi dit des choses par métaphore. Un lampadophore écarlate éclairait cette scène. Elle avait connu un ours et puis aussi un poisson. Nul ne voulait trouver forme humaine à ses yeux. L'ours voulait qu'on le gratte toujours. Il se mettait les quatre pattes en l'air et il tirait son tee-shirt vers son cou en se tortillant pour qu'on voie où il fallait gratter. Il aimait bien miauler (car les ours miaulent, personne ne le sait) à des heures impossibles des histoires hyper boliques (pas trop) car les histoires des humains vues par les yeux d'un ours sont toujours hyper boliques. Le poisson, lui, envoyait des bulles sur le portable de Muche qui disaient qu'il se mourrait lentement depuis que Muche l'avait quitté. Muche avait bien de la peine de le voir sauter comme ça en l'air mais elle ne pouvait plus faire comme si vivre avec un poisson lui suffisait. Pauvre poisson.

    Pauvre Muche ! Elle avait l'impression que sa vie serait à jamais peuplée d'animaux biscornus, voire même seulement cornus.

     

     

     

    « Ne la laisse pas tomber. Elle est si fragile. Etre une femme libérée, tu sais, c'est pas si facile. »

    « Radio à la noix de coco », pensa Muche les larmes aux yeux. En sortant de la salle de bain, Muche prim' disparut. Muche se sentit déprimée. « Que fais-je, moi, à toujours prendre les hommes pour des animaux? » se demanda-t-elle. « Il faut que cela cesse ».

    Muche alla pour cela voir la sorci-psy qui habitait au vingt et unième (l'âge de Muche) étage tout près des nuages qui toujours voyagent. Celle-ci déjeunait comme prévu d'un beaul de l'air qui n'était pas totalement réglementaire. C'était une sorci qui avait le sens de l'humour. Muche n'eut pas le temps de parler. La sorci aux yeux clairs comme l'air de son petit déje avait déjà tout compris. C'était une sorci-psy très intuitive. Elle lui dit : « Je sens que tu as du chagrin d'amour. Raconte moi ton enfance. » Muche la transperça aussitôt d'un couteau, enfin, du couteau lancé par ses propres yeux noirs comme un couguar. (Veuillez regarder sur un dictionnaire. Rares sont les couguars noirs.)

    -« D'accord, parle moi de ce que tu veux. » dit la sorci.

    -« Je m'ennuie, » avoua Muche, « et en plus, je prends les hommes pour des animaux. »

    -« Tu es bête comme eux. » dit la sorci.

    -« C'est vrai. » dit Muche.

    -« Ecoute, ce n'est pas très grave. Viens, bois un peu de mon thé sucré concocté avec de l'air de la 8954ème lune froide et accompagne-moi, je vais mettre la radio.

    Muche l'accompagna jusque dans la cuisine où trônait le narguilé à la chicha de framboise et la théière mi-chinoise mi-arabe (car la sorci en avait héritée de sa grand-mère, elle même métisse) qui fumait déjà. Muche avala une gorgée de thé brûlante qui lui irrita la langue et lui arracha les entrailles mais c'était bon quand même et bizarre un peu. La musique lui parvint enfin jusque vers le fin fond de ses oreilles. C'était : Kurukukurukukustaichstach des Stanislaschboys ou un truc dans le genre. Et comme le thé était plein de drogue énergisante, le corps de Muche et celui de la sorci commencèrent à s'agiter en cadence, bêtement et rigolotement. Après ce balais qui dura exactement deux heures ou deux minutes (c'est toujours comme ça chez les sorci-psys), celle-ci lui dit :

    -« Je crois que ça suffit pour aujourd'hui. Si vous le souhaitez, vous pouvez revenir samedi prochain à la même heure. » C'était la blague préférée de la sorci-psy quand elle jouait à faire comme si elle était une vraie psy. Muche rigola un bon coup et sortit tranquillement, le sourire aux lèvres. Elle ressemblait un peu à un automate qu'on aurait remonté.

     

    Muche était rentrée chez elle. Quinze mètres carrés de cité U au douzième étage des années soixante -dix (l'âge de la sorci). Muche passa la serpillière car la poussière s'était accumulée par terre depuis tout ce temps. Pendant son ouvrage, Muche écoute « Ah que la vie est belle ! Soudain elle éblouit. Comme un battement d'ailes d'oiseau de paradis. Ah que la vie est belle ! Quelque fois pour un rien ! La divine immortelle ! Dans le mal et le bien ! », c'est Brigitte qui chantonne comme une claire fontaine dans le CD. Sourire bêta de Muche.

     

    Muche avait commandé un café et un verre avec des glaçons. En jetant le café dans les glaçons puis en tournant la petite cuillère dans le verre, Muche sentit le petit plaisir coutumier lui chatouiller les oreilles au son des grelots - clapotis que cela faisait. Muche se demanda si le thé spécial de la chépacombientième de lune froide de la sorci n'était pas un genre de breuvage d'oubli. En effet, cela faisait déjà plus d'une semaine et demie qu'elle ne se tourmentait plus métaphysiquement sur sa manière qu'elle avait de prendre les hommes pour de simples bêtes. En somme, le truc de la sorci avait dû marcher avec Muche. Celle - ci se consacrait maintenant presqu' uniquement à son travail. D'un côté, elle était surveillante dans un lycée (arsenal : flingue, matraque et heures de colle), de l'autre elle préparait sa mention documentation pour boucler ses études à la gomme et le concours de magasinier en chef des bibliothèques (arsenal : CDU classification décimale universelle, ISBN International Standard Book Number, ISSN International Standard Serial Number). Rayonnages et séries d'élèves, files de livres et de chiffres. Non, l'inverse, probablement. Couchée à vingt heures trente, levée à six heures. Musique classique le soir en rentrant chez elle. Légèrement pop en se réveillant. Silence et petits oiseaux. Calligraphie rose bleue - pâle. Décoration zen, enfin presque. Et un peu de taï - chi au lever et au coucher sous le grand cèdre de ses pensées.

     

     

    De temps en temps, elle faisait des cauche-marre car elle oubliait en elle sa vocation mal ratée : devenir écrivaine prix Concourt.

    Bref.

    Pourquoi Muche voulait-elle donc écrire ? Pour laisser une trace ? Par snobisme ? Pour faire son intéressante ? A cause du complexe des sommets (elle ne sera reconnue par son père que lorsqu' elle aura rejoint le sommet de la littérature, montagne du haut de laquelle elle pourra planter son drapeau : Aimez-moi !)

    Pour rien ? Pour quoi ? Juste comme ça ? Pour faire joli ? « J'écris parce que c'est joli »... c'est de qui, ça ?

    Bref.

    Muche

    Muche...

     

     

    Les pensées sortaient par les oreilles de Muche. Difficile de les retenir. Car laquelle ? Y avait-il une raison d'être ? Je crois, ou plutôt Muche croit qu'il était temps d'aller se coucher. La musique faisait des croches occitanes dans un petit coin du salon. Muche prim' telle une clé et Muche telle un vieux moteur récalcitrant et barbotant. Et puis, au moment où plus personne n'y croyait plus, au moment où plus personne ne comprenait quoique ce soit, elle démarrait. Mais maintenant un petit ronron faisait la fête tout seul dans son coin.

    Ronron.

    « Tiens, encore une histoire sur quelqu'un qui écrit. » Muche feuilletait les journaux et les émissions de radio bourdonnantes.

    L'histoire de Muche est un peu, juste un peu, chiante, chuchota Muche prim' en se bouchant les oreilles. Elle se raconte ses trucs débiles sans rien se raconter. Aucune volonté, cette pauvre fille. Elle pourrait au moins s'exercer à raconter ne serait- ce qu'un petit truc. Non. Rien de rien, les lignes se remplissaient pour remplir. Trucs bidules etcetera. Tout à fait Muche à la prune. Et ça pouvait continuer longtemps : tout à fait Muche à la con. Elle pourrait faire une liste de mots, de lettres, de cacatrouilla, ce serait presque toujours aussi chiant banane coq fraise roi roucoucou etcetera et pourquoi ceci et pourquoi moi et lui etcetera et les lignes et les débiles et les souvenirs et les objets et les choses et les bidules et les sacs qui s'entassent, les murs qui baisent et qui disent l'ennui et le tien le vrai, le fort, le roi, le quoi, le pois, le point final, le punkt (tiens de l'allemand) chiant.

     

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    C'est fini, Muche s'est envolée, comme un ballon et comme une bulle de savon. On ne pouvait pas faire semblant très longtemps. Finalement, c'était un peu comme une histoire de séduction, elle était devenue un personnage presque parfait, son petit côté femme - enfant, rigolo, etcetera. Un jour ou l'autre, la vraie nature reprend ses droits.

    Crotte de nez, Muche s'enlevait aussi parfois les crottes de nez.

    Muche.

    Ah, Muche, Muche prim' te cause de l'autre côté du miroir - papier. Elle te fait vivre du bout de son œil - stylo, ou plutôt survivre car tu tremblotes, ton image semble parfois trouble, prise dans les brumes, vapeurs chaudes de bain parfumé (huiles essentielles bleu turquoise). Jolie marionnette qui voudrait se détacher, dont l'âme prend parfois conscience qu'elle n'est que jouet.

    C'était une parenthèse.

    L'histoire de Muche ou sa non - histoire peut reprendre.

    « Je n'aime pas du tout les histoires où l'écrivain se met à donner son avis » chuchota Muche à sa conscience prim'. Muche prim' sourit mélancoliquement.

    Muche sortit de son bain parfumé à l'huile essentielle de coquelicot bleu couchant. Avec ses mains, elle fit un espace net sur le flou du miroir et aperçut ses deux yeux noirs comme les billes d'un chat noir dans la nuit noire. « Bingo ! » fit- elle en s'enveloppant de sa serviette rose crème avant de partager ses cheveux couleur marmelade en deux avec la raie au milieu. Dans un coin de la chambre, on entendait Boris et sa trompette. Muche fredonnait « j'suis snob » et ricanait gaiement.

     

     

    Le premier mot toujours. Impossible. Des pavés. Ça y est. Des pavés. Hop, ça commence. Des pavés, des dalles bleues grises avec parfois un peu de roux, pas de rouille, sur quelques unes, cela faisait comme un ciel à observer. Un ciel de pavés. Comme c'est lourd.

    _ ?

    _Les deux. L'image, le style et le ciel de pavés.

    Le ricanement du miroir au fond du miroir. Encore un écrit sur l'écrit de celui qui écrit et qui est écrit. C'est quoi ?

    Ça doit être dans une case de la mémoire du miroir qui refuse de s'ouvrir dans la tête de Muche. Cristal.

    Ça doit être la case des choses sans importance.

    Totaud a dit (c'est pas Dieu, pas papa mais Artaud) : « A bas ceux qui ont des mots qui veulent dire exactement quelque chose de précis ! » A bas les dé - finisseurs. Vive les trafiqueurs de mots.

    Non.

    Ça, c'est Muche qui rajoute.

    Bref, parfois oui. Parfois non.

    Car l'expérience amuse Muche et ce qui amuse Muche, ce sont les idées platoniciennes. Ça y est : les nuages. On y voit plus rien au milieu de Bullepart. Dans la voiture, Muche cherche à balayer la buée qui reparaît juste à côté. Tiens, encore un poisson - chat qui traverse la rue comme si de rien n'était. Même pas un sourire. Mauvaise éducation.

    « Recherche frénétique d'une feuille. Le stylo, elle l'a. C'est comparable au tabac, l'écriture de Muche.

    Ça lui prend comme ça soudain. Elle ne sait même pas quoi écrire. Dès que c'est prêt, elle se retrouve comme une idiote et rien à écrire. » C'était un petit paragraphe de Muche prim' chuchoté à l'oreille et écrit par la main de Muche.

    Elle n'écrivait pas souvent et d'ailleurs pas longtemps. Muche prim' estimait sans doute que Muche avait un petit truc « space » ou spécial sinon elle lui aurait certainement interdit tout simplement l'acte d'écrire. Seulement le truc space se nourrit de passion. Sluirp miam. Et Muche ne possédait plus de passion, tout juste un peu de fantaisie. Passage du journal de Muche au zard- ha :

    « Je suis dans un train, embarquée comme tant d'autres vers un destin ou une absence de destin qui me fatalise l'abstraction patacrasse de ma réalité.

    J'avais, dans mon antiquité, le sentiment aigu de mon étrange unicité. Toujours l'impression d'être à part, légèrement à côté. « Bizarre », « à l'est » ou « à l'ouest », c'est comme ça que j'étais vue. Et cela se mariait parfaitement à l'allure introvertie de mon adolescente silhouette. Mais quelque chose est arrivé. « Something happened », par un processus encore non entièrement élucidé par la raison, une histoire trop longue pour être ici racontée, je suis devenue l'inverse. L'image renvoyée par mon miroir a changé. Ou j'ai changé. De zarbi, je suis passée à seulement bizarre. Beaucoup plus humaine, commune.

    Voyons, introspectons :

    Un sentiment de confiance venu d'une conscience d'être en réalité proche de l'humanité, de « fonctionner » à partir des mêmes grandes lignes.

    Conviction à la con ou basée sur une « intuition de la réalité » (mots non élucidés), celle - ci a fait de moi un personnage ouvert quoique cynique, nostalgique d'une image de la pureté, de la clarté, de la lumière.

     

    ?

    Tourbillon.

    Le présent.

    Adesso.

    Maintenant.

    Je me réveille avec l'impression de tomber de très haut. Ce personnage blasé semblable à moi - même a perdu le sens de la magie, de la séduction, le goût aux confessions, aux profondeurs intimes, parfois même le sens de l'amitié. »

    Pauvre petit être décadent.

    Tiens, cela est étrange comme une orange : me sentir proche du genre humain ne me rend pas ces émotions si chères pourtant que sont la tendresse, l'amitié. Je ne sais pas. Je m'enfonce dans le paradoxal : je me sens souvent pétrie de tendresse et puis souvent aussi d'effroi lorsque j'observe en autrui et en moi la confusion, le sentiment d'abandon, l'abandon des autres, l'abandon de soi - même face à la complexité impensable des choses. »

    « Joli petit charabia » chuchota Muche prim' à l'oreille de Muche.

     

    « Truc comme ça », exactement Muche.

    L'imprécision de précisément Muche. Les polyptotes, ah, ah ! ! ! Cela faisait bien rire Muche les polyptotes. Et puis tous ces savants - mots qui servent à rendre l'homme pédant.

    « Précis, aussi, il est vrai... » La pensée de Muche était bien fille des lumières, bien fille de la série littéraire au grand complet : thèse, antithèse, synthèse, oui - non - merde, comme disait le prof de philo en terminale. Il ne fallait pas se perdre dans toutes ces contradictions. « Suis- je pour ou contre les polyptotes ? « Vanité, vanité, tout est vanité. » Muche s'assit à ce moment là tout à fait flou et imprécis de la narration non ancrée dans le réel mais dans la pensée de l'auteur (étudiez le rapport Muche prim' - auteur) à une terrasse de café. Elle prit une glace à la vanité.

    « Qu'est ce que cela veut dire ? » demanda le lecteur (soit Muche seconde''). « Est - ce que cela aurait un sens profond caché que je n'aurais point perçu percé ? » Muche se pencha sur son épaule, lui chatouilla l'oreille droite (non, l'autre) et soupira : « Qu'est ce qu'on s'en fout ! Pourquoi veux- tu toujours tout comprendre, maîtriser, abstraire ? »

    Arrêt du train.

    (Muche était dans le train).

    Muche prim' quitta Muche à toute vitesse.

     

     

    Muche s'est endormie il y a un an dans un sommeil profond. Son auteur alias moi - même ou le « je qui écrit »est semblable à une sorcière qui l'a endormie profondément.

    Pourquoi ?

    Voici la page des explications (qu'on n'est pas obligé de lire mais qu'on lit quand même). Voici venue la solution de l' énigme, la dernière partie du conte, la page désagréable qu'on ne veut pas lire ou alors au ralenti, en même temps qu'une bouchée de chocolat. On va dire adieu à Muche.

    Parce que Muche, à la conscience Muche prim', n'avait pas de destin.

    Pas d'autre destin que de raconter sa vie en déroulant le fil des jours au fur et à mesure. En somme, il n'est presque jamais rien arrivé à Muche. Je l'ai aimée. Je lui ai donnée du temps, toute ma folie et ma liberté que l'on cache un peu aux autres dans la vie réelle pour ne pas les choquer.

    Pourquoi Muche n'avait pas de destin ?

    Ce n'est pas que la sorcière sa mère en avait simplement décidé ainsi... Muche, vois - tu, était perdue dans sa vie, entre les lignes, tout comme son auteur, elle ne percevait que le défilé de ses jours comme un paysage embrumé ou ensoleillé aperçu à travers les grandes vitres ciné d'un TER à travers la cambrousse.

    Elle n'avait rien à dire vraiment sauf que la vie c'est bien compliqué quand on attend trop des hommes et qu'ils sont bêtes comme...des choses.

     

    Sinon, elle avait les yeux noirs comme un chat noir dans la nuit noire, aimait bien dire des choses absurdes comme « Bingo ! » au détour d'un chemin.

    Muche, c'est la beauté folichonne et sauvageonne du rire, de la morsure de la vie.

    Muche, je l'ai endormie. Elle est devenue une toute petite fille, celle qu'elle a toujours été, au fond de son corps de jeune - femme. Muche s'est endormie en moi. Dans ma vie de tous les jours, je pense parfois à elle et je la réveille de temps en temps. Je fais attention à ce qu'elle ne se couche pas trop tard et ne dise pas trop de bêtises. Muche m'appartient et t'appartient aussi un peu depuis ce jour. Il m'appartient et à toi aussi de la réveiller de temps en temps. Qu'elle rêve un peu.

     

    Sterenn Le Noach (écrit en 2001-2002)

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