• "Le soir tombe sur la cité, efface en moi bien des années. Comme mes pas, d'autres enjambées de gens parlant haut, peut-être un peu fort, quand moi-même, je retrouve me mêlant aux ombres projetées, parfois violemment, je retrouve un réconfort dans des habits d'ombres, uniquement. Je me mêle aux effluves, aux chants lointains, aux mauvaises gens et aux poètes isolés. J'imprime de mes pas de lointaines victoires. Je vous cache tout sourire au dehors, mon âge avancé, et marche autour de jeunes personnes. Je suis un magicien, je réconforte des pleurs ; peut-être un sorcier de l'âme. J'offre de nouvelles forces, aux couchants - bien entendu -. La nuit tombée, sur les trottoirs, résonnent mes pas, et quelques autres perdus. La nuit venue j'arrive à me sourire dans une quelconque vitre, bien éclairée de par le meilleur réverbère. J'aime ce pardessus noir que je porte, je souris, un peu ivre, et feint à me croire grand, heureux et riche, envié tel un prince qui marcherait au travers son armée. Et flotterai en la présence des sirènes de cette humble contrée, des plus séduisantes qui rejetèrent tant d'autres, car elles ne vivaient que par l'enveloppe du fruit, par l'illusion, par l'immense solitude de ceux qui refusent toute approche. Donc, je marchais seul alors et je ne vous parle plus, peut-être occasionnellement ; de mes grandes promenades nocturnes, enveloppé par la brume, et dans cette funeste jeunesse, priant Dieu que sur mes chemins d'alors, je puisse rencontrer le plus triste des réverbères, celui qui n'offre que peu de lueurs, mais que j'embrasserai peut-être un jour, pour ces nuits de totale solitude et de grand froid. Il fut le seul à m'indiquer maladroitement le chemin qui m'offre de vous écrire aujourd'hui."

    (Mirzayantz Bruno, sans date)

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  • "Le vent a emporté les vagues et les rochers, les images confuses et bleues des tempêtes de mon passé, les couleurs des paysages, mes années d'ivresses, mes conquêtes féminines, félines, mes danses endiablées. La courbe de leurs étoffes et leurs parfums bien sûr... Le vent a déroulé sur mes épaules des chevelures d'ombres, de brisants qui cachaient qu'au fond de mes poches, tremblaient mes mains. Le vent parfois a tout emporté, même le mouchoir blanc, que rempli des flots d'écumes, de grandes averses rageuses, de grandes sueurs parfois, de ces chemins mal parcourus, de ces sentiers tordus, où je perdis mes pas dans leurs enchevêtrements, et, quand ces mêmes instants souffla le vent, qui soutenu ma solitude, et, quand ces mêmes pas, inconsciemment, je posais peut-être maladroitement ces derniers dans ceux de mon père, en cherchant comme lui à ne point trop se perdre."

    (Bruno Mirzayantz, 25 décembre 2001)

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  • "Dans les nuits confuses où je me perds dans les draps ; flots lents où passent quelques mouvances, une mer à peine éclairée par la lune au travers des volets, deux yeux mi-clos dans des ombres immenses où le corps vacille, rendant ses armes aux portes de l'inconscient. Je me retrouve dans des couloirs lumineux, puis des jardins fleuris. Les femmes aux longs cheveux et finement vêtues, sombres, blanches, lançant à mon passage inquiet des pétales de roses au devant de cascades perlées. Des arbres vieux aux lourds troncs tordus laissent bruisser autour leurs feuillages assombris. L'herbe est haute soudain ! Je traîne les pas, accrochant des tiges enlacées, avançant, je rejoins alors une allée de sable. Au loin je vois la mer, elle est fâchée, et frappe des roches déchiquetées, devant des voiliers qui courent, penchés au travers de flots en colères. Sur le côté d'une bien vieille maison aux murs sales, écaillés, toiture verte, volets clos ; des amis viennent vers moi. Je reconnais le boucher du coin, David, le torero, une cliente aux yeux bleus, habillée de dentelles grises, un homme inconnu en peignoir bariolé me tendant un chapeau haut de forme."

    (Bruno Mirzayantz, sans date)

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  • "Brûlantes émotions, inutiles démarches, les rayons sont ardents où demeure l'illusion ; les rêves sont puissants que l'on croirait chuter, dévaler bien des pentes, et, des chemins de gouffre, oubliant pour un peu la bouillante démarche, d'une jeune après-midi, les façades et les murs fumants sous l'été. Ma solitude traînant son ombre, le long de ces chemins menant à nulle part." (Bruno Mirzayantz, 13 août 2003)

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  • "De nouveaux jours glissent, eux sous les ponts de notre présent, et loin sera ainsi la mer de notre vécu. Je surprend à nouveau le chant des merles. Je suis semblable aux vieux murs disjoints, leurs peaux d'écorce blanche sont autant de cicatrices, de rides et de paupières fermées. Le vent a bientôt emporté les parfums envoûtants, les chants, les musiciens, les soirées aux lampions, famille et amis. Dans le repli qui pour tant d'autres semble à nouveau inutile, j'erre prisonnier de la destinée, les montées de fièvre, et mes rêves incessants, me conduisent aux marais de la ville. Là où le sol se dérobe, où il n'y a plus d'image, où le corps, les murs, les vieux troncs se rejoignent, là où par bonheur, les souvenirs semblent absents." (Bruno Mirzayantz, 11 août 2003)

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